Roc&Tapas
Escalade et Voyages
Christian RAVIER
Guide de Haute Montagne
Voyage au Maroc en décembre 2012 Rif, Imiter, Boulmina, Todra, Dades
Le bon coté de la Terre
Quelques photos d'un défilé où l'on distinguait des parois suffisamment hautes pour susciter notre intérêt ont suffit comme prétexte pour aller gouter aux nuits sans fin du mois de décembre versant sud de l'Atlas. À Taghia, dans le Rif, ou à Tafraoute j'ai souvent regretté de ne pas être plus itinérant ; passer du bon temps autant à grimper qu'à tailler la route ; continuer à découvrir le pays des Berbères.
C'est l'occasion de rencontres. ; Ce berger venant vers nous à la nuit tombée septique de la présence de dix légumes dans la poudre d' un sachet de Minut'soup. Là haut sur les flancs du Jbel Ta'abbast il nous montre deux lumières orangées… des feux… des étoiles de berger. La nuit sur les plateaux de l'Atlas, on brule des brindilles, des buissons séchés ; il faut mettre les mains dans la flamme pour sentir la chaleur d'un trop maigre foyer ; on se dispute alors les flancs de la cafetière, sous un festival d'étoiles filantes. Au matin, les lumières de l'Est estompent le givre, puis réchauffent… Nous sommes bien du bon coté de la terre. Nous cherchons à grimper tournés vers le Sud ; voir loin, là où le soleil dessine les courbes des collines, découpe les crêtes, et enflamme les murailles à l'heure des grandes ombres . Les oueds nous ouvrent des corridors pour gagner la paroi… On imagine alors la force de l'eau, la violence des orages de l'Atlas.
Ismael a appris le français avec les touristes qui passent dans son camping. Il aime son coin, les patates de son jardin, de ses tajines, sont nourries à la bouse de vache et la bouse c'est excellent pour la santé. Les arabes ont baptisé ces ancêtres barbares car ils ne comprenaient pas leur faculté, leur folie, à dormir seul dans la montagne raconte Ismael, jeune berbères, avide de rencontres
Hassan et Mimoun, grimpent, l'un à Todra, l'autre à Amelago. Ils essayent d'en vivre, espèrent un diplôme marocain. Ils connaissent leur terre, elle est de roc. Autour du thé, ils lèvent un coin de voile sur quelques parois avec juste ce qu'il faut de mystère pour songer déjà à de nouveaux voyages.
L'hiver approche, les troupeaux se font rares; sur les collines de pierre la moindre brindille est ramassée, les djellabas sont plus lourdes, plus sombres : on voit la neige depuis les villages blottis autour des oueds.
Passé Gibraltar, le Rif est devenu une belle étape. Nous allons y gouter son rocher ciselée et affronter une rivière démontée. Mais, après, nous n'avions pas de projets précis. Dans les belles lumières de ces jours trop courts, nous avions le temps; celui qui permet l'acclimatation, dispense l'harmonie. Et alors, nous avons croisé de belles pierres.
Voyage dans l’Atlas en décembre 2012 avec Arnaud Guillaume Topos des voies ouvertes